Des rencontres à l’écart et à l’abri des regards
Quelle modification de l’organisation des rencontres amoureuses et sexuelles ?
Traditionnellement les rencontres sont prises dans d’autres pratiques sociales. Au contraire, les sites de rencontres sont dissociés des espaces de vie et de sociabilité (tels que le travail, les études, loisirs, sorties et fêtes). Or dans ces espaces il y a possibilité d’un « double jeu » puisqu’on ne sait pas de prime abord si les rapports sont professionnels, amicaux, amoureux ou sexuels.
C’est pourquoi l’article explique comment les sites de rencontre « participent à désencastrer les rencontres amoureuses et sexuelles d’autres sphères de la vie sociale ». En effet le recrutement de partenaire est une pratique distincte et formalisée, une finalité EXPLICITE.
C’est leur dissociation des autres espaces de sociabilité qui est un facteur clef du succès des sites de rencontre :
• Ils permettent un contexte plus DISCRET pour le plus jeunes dont les relations sont au centre de l’attention de leurs pairs.
• Ils sont utiles pour les personnes séparées car souvent dans leur entourage il n’y a que des gens en couple. Les sites permettent d’ELARGIR les rencontres.
• Ils ont eu beaucoup de succès auprès des personnes ayant des pratiques homosexuelles et bisexuelles et pour les rencontres gays et lesbiennes. La principale justification de l’article pour ce succès est que les sites de rencontres permettent de distinguer l’identité sociale exprimée à l’entourage & les pratiques sexuelles potentiellement stigmatisées.
Les travaux sur l’endogamie* dans les sites de rencontre cités dans l’article mettent en exergue la forte propension des usagers à rechercher des partenaires similaires par rapport caractéristiques sociales (homogamie sociale).
*Homogamie = on choisit son partenaire dans le même groupe social. Endogamie = même groupe social mais aussi géographique, professionnel, religieux
Patrick Awondo a mené une recherche sur la formation de couples binationaux via internet et donc sur l’union de partenaires très inégaux. La majorité de l’étude porte sur les rencontres hommes occidentaux/femmes pays du Sud. Mais originalité de l’étude réside dans le portrait qu’elle fait de la formation des couples gays. Il décrit des jeunes hommes camerounais et des hommes français à la retraite, tous extraits des marchés sexuels locaux car position marginalisée qui se mettent en relation. L’étude se conclue donc en disant que les sites ouvrent le champ des possibles MAIS que les couples sont souvent rattrapés par un profond déséquilibre dû aux positions sociales des deux partenaires, surtout après l’installation en France.